Épisode 10: Entre les mondes- rencontres avec l’écrivaine Cécile Wajsbrot et la traductrice Karin Uttendörfer

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Épisode 10: Entre les mondes- rencontres avec l'écrivaine Cécile Wajsbrot et la traductrice Karin Uttendörfer
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Entre les mondes – Rencontres avec l‘écrivaine Cécile Wajsbrot et la traductrice Karin Uttendörfer

Cécile Wajsbrot nous a dit avoir été intriguée par un film documentaire sur la vie à Tschernobyl avant la catastrophe nucléaire et sur la renaturation de la zone interdite privée de ses anciens habitants. En regardant les champs de blé – qui sont toujours contaminés -, les rivières et les prairies, elle se récitait intérieurement des phrases du texte de Virginia Woolf To the lighthouse. Le roman de Woolfe raconte la dégradation d‘une maison envahie inéluctablement par la végétation et dans laquelle les humains n’ont plus leur place.

Lentement, l‘idée d‘écrire un roman a pris forme – un roman qui mêlerait une réflexion sur les modifications que la nature apporte aux espaces urbains et un travail subtil de traduction de ce roman esthétiquement si ambitieux de Virginia Woolfe.

Le personnage principal de Nevermore, le nouveau roman de Cécile Wajsbrot, est une traductrice. Elle en est la narratrice,  est originaire de Paris mais pour traduire le texte anglais de Woolfe, elle a décidé d‘aller à Dresde. Elle pense que la ville, autrefois dévastée par la guerre, est l‘endroit idéal pour réfléchir aux „dévastations du temps“. Elle aimerait savourer ce sentiment d‘être étrangère et saisir les ombres de proches disparus qui semblent soudain lui apparaître.

Le titre Nevermore est une allusion au poème d‘Edgar Allan Poe The Raven. Non, les morts ne reviennent pas à la vie. Et oui, „même la mort a un travail à accomplir en éloignant les morts des vivants“. Dans chacun de ses livres, Çécile Wajsbrot trouve un ton différent et construit une structure nouvelle pour notre plus grand plaisir. Depuis des années, on constate que la musique joue un rôle grandissant dans son écriture et qu’elle compose subtilement des textes dans lequel diverses strates se superposent, telles des partitions de musique.

 

Anne Weber est une écrivaine et traductrice allemande qui vit en France. Elle a pour la deuxième fois un roman de Cécile Wajsbrot. Et l‘a fait de manière extraordinaire,

La traductrice littéraire Karin Uttendörfer quant à elle, a reçu avec Ryoko Sekiguchi le tout nouveau Prix Première qui leur a été remis en septembre dernier à Tübingen pour le livre Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter. Ryoko Sekiguchi est une autrice franco-japonaise qui publie également des poèmes.

Le Prix Première est attribué à des auteurs et autrices dont un livre est traduit pour la première fois en Allemand – et aux traducteurs et traductrices dont émane la traduction.

Dans notre épisode, Karin Uttendörfer nous parle du concept japonais de „Nagori“ et elle nous décrit la façon dont ses perceptions sensorielles se sont affinées pendant le travail de traduction de ce roman et comment elle s‘est alors mise à vivre de manière plus consciente. „Nagori“ signifie surtout la présence sensible d‘un objet ou d‘une personne, et plus particulièrement d‘une saison qui est déjà passée ou qui vient de s‘achever. “C‘est un moment dans lequel se trouvent la nostalgie du retour de la saison et, de ce fait, aussi l‘espoir d‘une renaissance. On pourrait dire, de manière générale, que ce concept se rapporte à tout ce qui reste”.

Un enfant a perdu ses parents mais ceux-ci sont présents dans les récits de tous ceux qui les ont connus. À la fin d‘une saison, il reste par endroits des fleurs solitaires ou des fruits qui pendant aux arbres nus. “Nagori veut aussi toujours parler de la douleur des adieux.“

 

Petite liste – non exhaustive – des livres de Cécile Wajsbrot:

Nevermore, Le Bruit du temps, Paris 2021

Destruction, Le Bruit du temps, 2019

Mémorial, 2005, nouvelle edition, Le Bruit du temps, Paris 2019

Totale éclipse, Christian Bourgeois Éditeur, Paris 2014

Fugue, Éditions Estuaire, 2005

Caspar-Friedrich-Strasse, Zulma, Paris 2002

 

Ryoko Sekiguchi: Nagori. La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter. P.O.L., Paris 2018

À découvrir: Claudia Andujar, La Lutte Yanomami/ Der Überlebenskampf der Yanomami, exposition au musée de la photographie à Winterthur du 23.10.21- 13.02.22

 

Le Prix Première a été instauré par l’Institut Culturel franco-allemand de Tübingen, le Bureau du Livre de l’Institut Français en Allemagne et l’Association des Amis de l’Institut de Tübingen. Il est doté à hauteur de 1.000 Euro par personne primée.

Sont en lice pour l‘édition 2022 les trois textes suivants:

Antoine Wauters: Penses aux pierres sous tes pas, Verdier, Paris 2018

Julia Kerninon: Liv Maria, L’Iconoclaste, Paris 2020

Pascal Janovjak: Le zoo de Rome. Actes Sud, 2019

Épisode 09: N’aie pas peur, raconte tout! Esther Dischereit nous parle de l’attentat de Halle et de ses survivants

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Épisode 09: N’aie pas peur, raconte tout! Esther Dischereit nous parle de l’attentat de Halle et de ses survivants
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N’aie pas peur, raconte tout! Esther Dischereit nous parle de l’attentat de Halle et de ses survivants.

Esther Dischereit est écrivaine, poète, essayiste et autrice pour la radio. Elle a travaillé avec des danseurs et des musiciennes, a enseigné l’art oratoire à l’université des Arts appliqués de Vienne et est régulièrement professeure invitée de poésie dans diverses universités américaines. Sa parole compte dans le paysage intellectuel allemand – et ce non seulement qu’autrice de la deuxième génération après l’Holocauste. 

Tout comme l’écrit Aleida Assmann – qui a reçu le Prix de la Paix Du Marché du livre allemand – dans la postface du livre Mama, kann ich das Deutschlandlied singen (Maman, est-ce que je peux chanter le chant de l’Allemagne“), Esther Dischereit cultive „la mémoire à long terme des courageux et des engagés“. Elle a suivi avec assiduité le procès contre les membres du N.S.U. (National-Socialisme clandestin) qui a commencé en 2013, n’a de cesse de participer à la vie politique et d’œuvrer à faire avancer la démocratie et la solidarité au sein de la société. Dans son livre Des fleurs pour Otello – il s’agit d’une longue complainte parue dans une édition bilingue en allemand et en turc en 2014 -, elle retrace comment les vies des familles des victimes du N.S.U. ont été brisées. Elle cherche à comprendre comment ces crimes ont été possibles et pourquoi on a empêché si longtemps leur élucidation.

Le 9 octobre 2019, on fêtait Yom Kippour qui est la fête la plus importante dans la religion juive, un jeune homme armé a tenté d’entrer dans la synagogue de Halle pour y tuer les Juifs qui s’étaient rassemblés pour prier. Il a fusillé une femme dans la rue ainsi qu’un jeune homme dans un restaurant de kebabs. Dans sa fuite, il a grièvement blessé un couple. Parmi les gens réunis dans la synagogue, certains étaient anglophones, d’autres germanophones ou russophones. Quand elle a appris ce qui s’était passé, Esther Dischereit s’est dit que les victimes de la tentative de meurtre auraient certainement besoin d’aide – en premier lieu pour communiquer entre elles. Et dans un second temps pour trouver une aide sociale et juridique. Elle s’est aussitôt rendue à Halle. Lorsqu’en 2020, le procès contre le terroriste de Halle a eu lieu à Magdebourg, elle a assisté aux séances et parlé avec les survivants, les avocats des parties civiles et diverses personnes qui souhaitaient exprimer leur solidarité aux victimes devant le tribunal.

C’est ainsi qu’est née l’idée de rassembler ces témoignages dans le livre N’aie pas peur, raconte tout!. Ce recueil est un document précieux car il réunit les voix des survivants de l’attentat, les plaidoyers des avocats, des protocoles des séances, des interviews et des portraits de certaines des parties civiles. Il montre les failles du dossier, à savoir le manque d’engagement de la part de la police pendant l’attentat même et l’abandon des poursuites d’éventuels complices du terroriste par la police criminelle fédérale allemande. 

Esther Dischereit nous a dit que, dans la tradition juive, il il fallait impérativement tout documenter – les persécutions aussi. Par le passé, des Juifs ont enfoui des papiers dans la terre pour documenter ce qui leur arrivait sans savoir si on lirait ceux-ci un jour. Elle se sent faire partie de cette tradition et a fait sienne cette obligation: „Ce qui s’est produit doit être documenté en tant que tel. Il faut qu’il y ait un document, afin qu’on puisse se souvenir.“

„Raconte tout!“. C’est la grand-mère de la femme rabbin Rebecca Blady qui a encouragé sa petite-fille à parler sans crainte devant le tribunal. La vieille dame est âgée de plus de 90 ans, elle vit à New York maintenant et elle est une survivante de l’Holocauste. Jamais elle n’a eu la possibilité de porter plainte pour ce qui lui est arrivé en camp de concentration auprès d‘un tribunal allemand ou international. Dans un passage bouleversant, Rebecca Blady le fait à sa place pendant le procès, elle parle des souffrances de sa grand-mère. Ses paroles nous montrent combien il est important de lutter, aujourd’hui encore, contre les terroristes d’extrême-droite impénitents comme celui de Halle et contre leurs réseaux.

Le recueil bilingue anglais-allemand de poèmes d’Esther Dischereit Sometimes a Single Leaf (Parfois une simple feuille) est paru en 2020. Clarisse a traduit et lu les poèmes: „1866, à l’auberge du mouton“ et „Ceux qui furent“ pour notre podcast.

 

Esther Dischereit: Hab keine Angst, erzähl alles! Das Attentat von Halle und die Stimmen der Überlebenden. Le recueil sortira le 28.09.2021 aux éditions Herder, Fribourg.

Mama, darf ich das Deutschlandlied singen. Politische Texte. Mandelbaum Verlag, Wien-Berlin, 2020

Sometimes a Single Leaf. Ausgewählte Gedichte / Selected Poems Translated & introduced by Iain Galbraith. Arc Publications, Todmorden, UK, 2020

2021/22 werden die Gedichte auch auf Spanisch erscheinen.

Garz Literarische Feldforschung. Ein Dorf in Sachsen-Anhalt, Deutschland. Studierende des Instituts für Sprachkunst an der Universität für angewandte Kunst, Wien, Mitteldeutscher Verlag, Halle, 2017

Großgesichtiges Kind / The Child With The Big Face, ins Englische übertragen von Iain Galbraith. Walter de Gruyter, Edition: ‚angewandte, Berlin/ München/ Boston 2015

„Die Mauern waren dick hier.“ Partikel vom Großgesichtigen Kind. Komposition und Gitarre: Frank Wingold, SWR Tandem Esther Dischereit und Marcus Meyer, 2. Juni 2015

Blumen für Otello. Über die Verbrechen von Jena. Klagelieder // Otello için Çiçekler. Jena Cinayetlerine Dair. Ağitlar, in deutscher und türkischer Sprache. Aus dem Deutschen übersetzt ins Türkische von Saliha Yeniyol. s.edition im Secession Verlag für Literatur, Zürich 2014. Das Buch wird 2022 bei Seagull Books auf Englisch erscheinen.

Blumen für Otello; Regie: Guiseppe Maio, Musik: Lutz Glandien, DeutschlandRadio Kultur 2014

Vor den Hohen Feiertagen gab es ein Flüstern und Rascheln im Haus.//Before the Holy Days the House Was Full of Whisperings an Rustlings. Dülmen Eichengrünplatz. Gedichte. AvivA, Berlin, 2009

Der Morgen an dem der Zeitungsträger. Erzählungen, Suhrkamp, Frankfurt am Main 2007,

Joëmis Tisch. Eine jüdische Geschichte, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1988

Épisode 08: Remettre du sel, bien sûr! La cuisine de Günter Grass, Le turbot et des textes inédits de Carmen Francesca Banciu

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Épisode 08: Remettre du sel, bien sûr! La cuisine de Günter Grass, Le turbot et des textes inédits de Carmen Francesca Banciu
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Remettre du sel, bien sûr!

La cuisine de Günter Grass, le turbot et des textes inédits de Carmen Francesca Banciu

Carmen Francesca Banciu a quitté Bucarest pour Berlin il y a trente ans et a fait de la capitale allemande „son Paris“. Elle travaille la langue allemande avec beaucoup de créativité dans ses romans, ses miniatures en prose, ses poèmes et ses essais. Dans ses textes, il est fascinant de ressentir la façon dont une pensée ou une perception sensorielle naissent d’un détail et de voir comment elle mêle avec brio la poésie et une pensée politique. Pour elle, qui a été maltraitée et questionnée par les services secrets roumains, intimidée en vain par la censure et interdite de publication, il est très important de s’impliquer dans la vie politique.

Lorsque son poème en prose publié sous le titre Lebt wohl, Ihr Genossen und Geliebten (Adieu, amants et camarades) a été nominé pour le Prix du Livre allemand en 2018, elle a vécu cela comme une réelle reconnaissance de son travail et de celui de son éditrice, Catharine Nicely, qui dirige la maison d’éditions Palm Art Press. Plusieurs de ses livres ont été traduits en anglais, notamment Vaterflucht/Fleeing Father (Fuir le père), Das Lied der traurigen Mutter/Mother’s Day – Song of a Sad Mother (Le chant de la mère triste). Ces deux romans font partie d’une trilogie dans laquelle elle dénonce les mensonges qui régnaient tant dans sa famille que dans le monde politique.

Carmen Francesca Banciu a obtenu de nombreux prix et récompenses, elle a également été en résidence aux États-Unis et en Angleterre. Elle a travaillé avec la troupe espagnole „La Conquesta del Pol Sud“ à une adaptation pour le théâtre de son romans Ein Land voller Helden (Le pays des héros). Dans ce livre, elle aborde la fin du régime de Ceaucesu et la façon dont l’Europe s’est définie après. La pièce A Land full of heroes a connu un grand succès à Birmingham en 2019. Malheureusement, la tournée prévue en France a dû être annulée en raison de la pandémie.

Carmen Francesca Banciu a été en résidence à la Maison Alfred-Döblin à Wewelsfleht de mars à juin 2021. Le petit village de Wewelsfleht se trouve à 70 km au nord de Hambourg. Au début des années 70, Günter Grass y avait acheté une maison ancienne qui datait du 17ème siècle. Cette maison à colombages richement décorée devait être détruite et céder la place à un parking. Elle se trouve juste à coté d’un cimetière datant du 16ème siècle. En achetant la maison, Grass la sauva. Il quitta Berlin et vint s’installer à Wewelsfleth où il vécut une dizaine d’années avec sa famille dans cette maison qui entre temps avait été classée monument historique. En 1985, il créa la fondation de la Maison-Alfred-Döblin dans laquelle chaque année des écrivains et écrivaines peuvent bénéficier de résidences.

Une des pièces qui ont été mises à la disposition de Carmen Francesca Banciu n’est autre que le bureau de Günter Grass, où il avait écrit son épopée Le turbot. Il a alors semblé évident à Carmen Francesca Banciu d’entrer en dialogue imaginaire avec Günter Grass et d’aborder avec lui les questions de l’écriture, du féminisme, de l’amour de la cuisine. Elle a transformé la première phrase du Turbot et l’écrit au présent. Le livre que Carmen Francesca Banciu a commencé à Wewelsfleth doit paraître au printemps 2022 aux éditions Palm Art Press et porter le titre: Ilsebill remet du sel.

Nous sommes allées voir Carmen Francesca Banciu dans la maison Alfred-Döblin à Wewelsfleth. Elle nous a lu des textes en prose et un poème qu’elle y a écrits.

Carmen Francesca Banciu: Fleeing Father, Palm Art Press, Berlin 2021

Vaterflucht, Palm Art Press, Berlin 2021

Lebt wohl, Ihr Genossen und Geliebten, Palm Art Press, Berlin 2018

Light Breeze in Paradise, Englisch/Griechisch, Palm Art Press, Berlin 2017

Berlin ist mein Paris. Geschichten aus der Hauptstadt. Neuauflage. Palm Art Press, Berlin 2017

Filuteks Handbuch der Fragen. Erzählungen. Neuauflage. Palm Art Press, Berlin 2017

Fenster in Flammen. Roman. Palm Art Press, Berlin 2015

Mother’s Day. Song of a Sad Mother. Palm Art Press, Berlin 2015

Leichter Wind im Paradies. Roman. Palm Art Press, Berlin 2015

Vaterflucht. Roman. Rotbuch, Berlin 2009

Coup de cœur:

Beate Dölling: Ab in die Rakete, Zeichnungen von Tine Schulz. 192 Seiten. Tulipan Verlag, München, 2021

Susie Morgenstern: Mes dix huit exils, Iconoclaste, Paris, 2021, 245 pages

Épisode 07: „Rome était tout pour lui“. Un entretien avec Hans von Trotha sur Ludwig Pollak, archéologue et grand collectionneur d’art injustement oublié

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Épisode 07: „Rome était tout pour lui“. Un entretien avec Hans von Trotha sur Ludwig Pollak, archéologue et grand collectionneur d’art injustement oublié
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Ludwig Pollak (1868-1943), né à Prague, était archéologue et jouissait d’une belle réputation de grand spécialiste de l’Antiquité. Parce qu’il était juif, on ne lui avait pas accordé le droit d’enseigner à l’université. C’est ce qui l’amena à devenir expert auprès de musées et de collectionneurs et à opter pour le métier de marchand d’art. Il réalisa son rêve d’enfant et vint vivre à Rome dans une période où d’importants travaux et de nombreux remaniements de la ville étaient effectués. Le commerce des œuvres antiques qu’on découvrait alors florissait. Ludwig Pollak devint directeur honorifique du Museo Barracco et membre d’honneur de l’Institut archéologique allemand. Des artistes et des directeurs de musées de l’Europe entière venait lui demander conseil.

Le 16 octobre 1943, les SS procédèrent à une rafle à Rome. Ils agissaient sous le commandement de Theodor Dannecker, un proche collaborateur d’Adolf Eichmann. Il y avait eu des fuites et de nombreux juifs furent cachés chez leurs voisins ou réussirent à s’enfuir avant la rafle. Plus de mille membres de la communauté juive, dont Ludwig Pollak, sa femme et ses enfants, furent extirpés de leurs appartements et déportés à Auschwitz deux jours plus tard. La famille Pollak aurait pu trouver refuge auprès du Vatican mais Ludwig Pollak, alors âgé de 75 ans, avait refusé l’offre. Pourquoi?

Dans son roman, qui prend la forme d’un dialogue fictif, l’écrivain Hans von Trotha cherche les raisons qui ont motivé cette décision lourde de tragiques conséquences. Il imagine ce que Ludwig Pollak, ce vieil homme épuisé, aurait pu dire à celui qui voulait protéger sa famille. Et donne la parole à Pollak, qui raconte sa vie pendant toute la nuit qui précède le fatal matin du 16 octobre. Les amitiés, les découvertes, les humiliations, des histoires de tableaux, de dessins et de sculptures se mêlent pour donner l’image d’un personnage complexe, dans un texte particulièrement dense.

Le nom de Pollak est aussi profondément lié à une découverte importante pour l’histoire de l’art. En 1903 lors d’une promenade à Rome, Pollak avait trouvé chez un marbrier le bras droit de la statue de Laocoon qu’on venait juste de déterrer. Le « groupe de Laocoon » est une des statues antiques les plus étudiées. Le « bras de Pollak » permettait une nouvelle interprétation de l’œuvre d’art. En 1906, Pollak en fit don aux musées du Vatican.

 

Hans von Trotha: Pollaks Arm, 144 Seiten, Verlag Klaus Wagenbach, SALTO, Berlin 2021

En février 2022 la traduction anglaise du roman paraîtra aux éditions New Vessel Press, New York. Deux commentaires:

„Hans von Trotha has composed a small jewel of a novel. Set as the Holocaust reaches Rome in October 1943, it quietly evokes an archaeologist’s reflections on a European life of scholarship and art. The result is physical death for him and his family. Yet this book offers vivid testimony of his words and actions in defense of humane culture against barbarism.“

—R.J.B. Bosworth, author of Mussolini and The Oxford Handbook of Fascism

„This intense and exciting book brings back to life the voice of Ludwig Pollak who, when confronted with Nazi-occupied Rome’s grim reality, powerfully conveys a taste for collecting, the pleasure of erudition, and an unshakeable faith in culture. This period of European history – remarkably captured here by Hans von Trotha – still has much to tell us.“

—Salvatore Settis, chairman of the Louvre Museum Scientific Council and author of Laocoön and If Venice Dies

 

Autres romans de Hans von Trotha:

Die große Illusion. Ein Schloss, eine Fassade und ein Traum von Preußen, Berenberg, Berlin 2021

A Sentimental Journey. Laurence Sterne in Shandy Hall, Verlag Klaus Wagenbach, Berlin 2018

Czernin oder wie ich lernte, den Ersten Weltkrieg zu verstehen. Roman, Nicolai Verlag, Berlin 2013

Der englische Garten. Eine Reise durch seine Geschichte. 144 Seiten. Verlag Klaus Wagenbach. SALTO. 2021

 

Coup de cœur

Vivre avec nos morts – Petit traité de consolation de Delphine Horvilleur, 234 pages, Grasset 2021

Épisode 06: „Ce n’est pas facile d’être jeune en France“. Entretien avec Marion Messina à Leipzig

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Épisode 06: „Ce n’est pas facile d’être jeune en France“. Entretien avec Marion Messina à Leipzig
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Marion Messina vit depuis quelques mois avec son compagnon et leurs deux enfants à Leipzig. Une Française de Dresde qui avait beaucoup aimé son premier roman „Faux départ“  a fait en sorte que la fondation „Hommage à la France“ de Brigitte Schubert-Oustry l’invite à venir dans la capitale de la Saxe. Marion Messina se sent bien dans cette ville de taille moyenne. Elle fait un stage à l’institut français de Leipzig, elle apprend l’allemand, a commencé à écrire un second roman et envisage de faire une thèse de littérature.

Elle parle très vite, est très franche et e a répondu à nos questions avec humour et empathie. Son jugement est très tranché, notamment quand elle décrit l’écart existant entre le discours officiel et la réalité du quotidien des classes moyennes et populaires en France. Elle a grandi à Grenoble, dans un quartier ouvrier. „Le fait de réseauter, d’aller dans des endroits, de serrer des mains de se mettre en avant, de toujours dire ce qu’on sait faire, de toujours être un commercial de sa propre personne, je pense que c’est quelque chose qui est dans l’ethos de la bourgeoisie mais que les enfants des classes populaires ne savent absolument pas faire.“

Marion Messina sait de quoi elle parle et c’est sans doute pourquoi son premier roman „Faux départ“ a eu un tel succès en France et également en Allemagne. Dans „Faux départ“, elle décrit, de manière souvent crue, la situation dans laquelle se trouvent de nombreux jeunes nés comme elle au début des années 1990. Des jeunes qui se sentent exclus, contraints à accepter des jobs inintéressants et à vivre dans des appartements minables. Le personnage principal du roman abandonne l’idée de vivre à Paris. La solution, dit Marion Messina, n’est pas de s’épuiser à ce qu’un système, qui dès le départ ne nous réserve pas de place, nous accepte. „La solution, c’est le sortisme.“

Marion Messina n’hésite pas à se lancer dans des domaines inconnus, rien ne lui fait peur et son humilité y est sans aucun doute pour beaucoup. „Il n’y a rien qui me semble plus vital que de lire et d’écrire. J’ai toujours pensé que pour manger je pouvais accepter n’importe quel boulot tant qu’il me laissait la liberté d’écrire et ça m’a donné aussi une certaine ouverture d’esprit parce que je pense que si demain on me dit: Ah ben pour manger il faut faire de la carrosserie, j’irai passer un CAP carrosserie sans aucune limite mentale, tant que j’écris.“

 

Marion Messina: Faux départ. Roman. Éditions Le dillettante, 2018

Épisode 05: Stern 111 – Sous la voûte des conifères – En visite chez Lutz Seiler

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Épisode 05: Stern 111 - Sous la voûte des conifères - En visite chez Lutz Seiler
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Stern 111 – Sous la voûte des conifères – En visite chez Lutz Seiler

Le poète et romancier Lutz Seiler vit entre Stockholm et Wilhelmshorst près de Potsdam dans la Marche de Brandebourg. C’est là que nous lui avons rendu visite, dans la maison-musée du poète Peter Huchel au milieu d’une forêt de pins. Peter Huchel et sa femme avaient été espionnés et assignés à résidence par la Stasi pendant des années. La veuve de Huchel a ensuite fait don de la maison à une association qui a transformé les lieux en un musée consacré au poète et qui y organise régulièrement des lectures publiques.

Lutz Seiler nous a parlé de son roman Stern 111, il nous en a lu deux passages dans la version allemande et nous avons lu la traduction de ces passages dans la version française du podcast.

Son livre a reçu le Prix de la foire du livre de Leipzig en 2020. La belle traduction de Philippe Giraudon paraîtra en janvier 2022 aux Éditions Verdier.

Il a fallu que près de trente années passent pour que Lutz Seiler puisse jeter un regard nouveau sur les souvenirs qu’il gardait de la période des grands bouleversements de 1989. Comme beaucoup d’autres, il était lassé des nombreux récits concernant la période de la chute du Mur de Berlin et de l’ordre implicite „d’être euphorique“.

Lutz Seiler est retourné dans la chambre qu’il occupait alors dans un immeuble squatté du quartier de Prenzlauer Berg. Il s’est souvenu de l’énergie ludique qui animait alors la jeunesse à faire comme bon leur semblait – par exemple, à ouvrir un bar pour les ouvriers, dans lequel nombre de prostituées venaient également, après qu’elles avaient subitement fait leur apparition dans la Oranienburger Strasse.

Carl Bischoff, le héros du roman, est âgé de 26 ans, il est maçon de formation, a arrêté ses études littéraires et rêve d’une „existence poétique“. Juste après la chute du Mur, ses parents ont quitté Gera, dans la région de Thuringe, où ils vivaient pour se rendre en Allemagne de l’Ouest, en n’emportant que leurs sacs à dos et un accordéon. De là, ils entreprendront un voyage plus grand encore qui les mènera en Californie. Lorsque Carl leur rend visite, il comprend que ses parents sont “des individus à part entière, au-delà du fait qu’ils soient ses parents“ et qu’il doit apprendre à devenir un être autonome.

Stern 111 – littéralement Étoile 111 – que se cache-t-il derrière ce nom mystérieux? C’est le nom d’un modèle de transistor fabriqué dans les années 60 par les usines „Stern“ à Berlin. C’était le premier gros achat de la famille Seiler. C’est également un objet autour duquel se rassemble cette petite famille éclatée.

Après son roman Stern 111, Lutz Seiler a écrit un recueil de poèmes qui paraîtra au mois d’août chez Suhrkamp et qui s’intitule Écrits pour géants aveugles.

Il nous a lu le poème Le chemin d’Hubert et nous a parlé de “l’absence concentrée“  nécessaire pour „saisir une image forte presqu’en ignorant la réalité“.

 

Merci à Karim Chérif qui a lu la traduction de l’entretien avec Lutz Seiler.

Lutz Seiler: Stern 111  – traduction de l’allemand par Philippe Giraudon – paraîtra en janvier 2022 aux Éditions Verdier.

Lutz Seiler: Kruso – traduit de l’allemand par Uta Müller et Bernard Banoun, 480 pages, Verdier 2018

 

Coup de cœur:

Violette Leduc: Thèrèse et Isabelle, 144 pages, Gallimard 2000 pour la dernière édition.

Épisode 04: En allant de la Große Hamburger Straße au Berliner Ensemble

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Épisode 04: En allant de la Große Hamburger Straße au Berliner Ensemble
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En allant de la Große Hamburger Straße au Berliner Ensemble

Promenades avec Irina Liebmann et Pedro Kadivar

 

L’écrivaine Irina Liebmann est attentive aux traces que le passé laisse sur les bâtiments, sur les places et dans les rues – mais aussi dans la vie des gens. Dès le début des années 80, elle commence à écrire l’histoire de la Große Hamburger Straße – après avoir mené des entretiens avec les habitants de la rue parmi lesquels certains allaient devenir ses amis, en fouillant dans les archives, en étudiant les plans d’aménagement et les anciennes cartes de la ville. Des faits historiques, des récits authentiques et des passages autobiographiques se retrouvent dans son livre Die Große Hamburger Straße, un texte empathique, parfois ironique qui restitue le passé de façon laconique.

Die Große Hamburger Straße se trouvait au 18ème siècle en bordure de la ville, c’était un endroit où les catholiques, les protestants et les juifs enterraient leurs morts. Irina Liebmann nous a aussi parlé de mai 1945 pendant cette promenade. À la fin de la deuxième guerre mondiale, l’ancien cimetière juif qui avait été détruit par les nazis accueillit une fosse commune. Aujourd’hui s’y trouve un jardin public et un lieu de mémoire. Irina Liebmann a sonné à maintes portes du quartier pour se renseigner sur ce qui s’était passé. On lui a souvent claqué la porte au nez. Les gens qui avaient assisté à ce qui s’était passé avaient peur d’être accusés. Quand le temps passe, il est difficile de formuler un jugement juste. «Avec le recul, tout est différent.»

 

Nous avons rencontré Pedro Kadivar devant le Berliner Ensemble, le lieu où il a rencontré Heiner Müller en 1992, avec en tête l’idée de mettre en scène son texte Todesanzeige (Annonce de décès).

Pedro Kadivar avait seize ans lorsqu’il a quitté l’Iran pour émigrer en France. Il a fait une thèse sur «L’entre-deux chez Proust », il écrit des pièces de théâtre et les met en scène en France et en Allemagne. Berlin est devenu son lieu de résidence permanent. Ce qui lui plaît à Berlin, c’est que la ville accueille «tous ceux qui aiment la vie mais qui ne savent pas exactement quoi faire de la leur». Dans son récit Petit livre des migrations, il écrit que Berlin nous encourage à nous regarder en face lorsque nous sommes en pleine perdition.

Lorsque Pedro Kadivar est arrivé en France en 1983, il a rapidement cessé de parler persan. Il voulait une coupure nette. C’est à Berlin, un lieu à la fois familier et étrange qu’il s’est aperçu que le français et le persan pouvaient tout à fait cohabiter en lui. La littérature, dit-il, est un mouvement au sein de la langue même. Littérature et migration vont de pair.

 

Irina Liebmann: Berlin-Moscou-Berlin: La vie de Rudolf Herrnstadt. Traduit de l’allemand par Marie-Claude Auger. Bourgois, Paris 2009

Irina Liebmann: Les femmes libres. Traduit de l’allemand par Marie-Claude Auger. Bourgois, Paris 2007

Pedro Kadivar: Petit livre des migrations. Récit. Gallimard, Paris 2015

 

 

 

 

Épisode 03: „Berlin bouge plus vite que j’écris“

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Épisode 03: "Berlin bouge plus vite que j'écris"
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„À Berlin, il faut réinventer sa vie“

Lorsque Julien Santoni comprend le sens de cette phrase, il se réconcilie avec la laideur et la vulgarité de la ville. Finalement, on peut aussi aimer le fait que Berlin ne veuille „ressembler à rien“ – comme le remarque le philosophe Michel Fœssel. La ville dans laquelle on ne flâne pas n’est certes plus séparée par un mur et pourtant ces auteurs et autrices, ces journalistes et ces témoins tels Edgar Morin et Claude Lanzmann – qui connaissent Berlin en ruines – perçoivent bien les différences de mentalités entre l’Est et l’Ouest. Le quartier de Mitte, anciennement à l’Est, est un de leurs lieux de prédilection.

Quitter la France pour venir à Berlin, c’est chercher autre chose que la beauté et en attendre peu d’aménité. Pour Kits Hilaire, qui a grandi à Valence et qui rêvait d’une carrière de chanteuse de rock, venir à Kreuzberg en 1984 a été une décision existentielle. Ne voulant pas croupir en Province, elle y chercha la lumière diffuse des „arrières-cours noires“ aux fenêtres murées. Berlin était alors punk. Depuis les années 1990, la ville ne cesse de s’embourgeoiser. L’inachevé, le disparate, le côté anachronique de Berlin s’estompent. „Vives sensations des pertes, des errances, des gâchis“ note Christian Prigent. Il est un des 22 auteurs et autrices qui vont à la recherche de ce qui, en dehors des sentiers battus, fait que Berlin ne cesse de nous interpeller et de nous faire „renifler l’odeur d’humanité.“

Dans cet épisode, Margarete Zimmermann nous parle de la façon dont les auteurs et autrices français évoluent dans le „nouveau“ (mais aussi dans l’“ancien“) Berlin et dont ils ont fait de la ville le laboratoire de nouveaux styles de vie.

Nous lisons de courts extraits de textes de Christian Prigent, Edgar Morin et Cécile Wajsbrot et Michèle Métail dit un de ses poèmes.

Dorothee Risse & Margarete Zimmermann (Hg.): „Berlin bewegt sich schneller, als ich schreibe. Das Neue Berlin aus französischer Sicht“, 206 Seiten. Kulturverlag Kadmos, Berlin 2020

Margarete Zimmermann (Hg.): „Ach, wie gût schmeckt mir Berlin. Französische Passanten im Berlin der zwanziger und frühen dreißiger Jahre“. 292 Seiten. Das Arsenal Verlag für Kultur und Politik, Berlin 2010

Margarete Zimmermann (Hg.): „Après le Mur: Berlin dans la littérature francophone“ (édition lendemain). 268 Seiten. Narr Francke Attempto Verlag, Tübingen 2014.

Coup de cœur : Elisa Diallo : „Fille de France“, Flammarion, Paris 2019

Épisode 02: Entretien avec Anne Weber & Frédéric Ciriez

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Épisode 02: Entretien avec Anne Weber & Frédéric Ciriez
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Une heroïne contre son gré et un penseur de l’aliénation

 

Aujourd’hui, nos deux invités sont Anne Weber qui nous parle de son livre Annette, une épopée pour lequel elle a reçu le Prix du Livre allemand et l’écrivain Frédéric Ciriez qui a publié le roman graphique Frantz Fanon.

 

Anne Beaumanoir, que l’on appelle aussi Annette, et Frantz Fanon n’avaient tous les deux que dix-sept ans lorsqu’ils décidèrent de s’engager contre les forces d’occupation allemandes en France pendant la deuxième guerre mondiale. Elle est née en Bretagne, lui à la Martinique. Tous deux étudient la médecine après la guerre et luttent pour l’indépendance de l’Algérie – elle en récoltant des fonds pour soutenir le front de libération algérien, lui en tant qu’ambassadeur du gouvernement provisoire pendant un certain temps. Anne Beaumanoir et Frantz Fanon travaillent également en tant que praticiens dans des hôpitaux en Tunisie et en Algérie. Frantz Fanon, qui était atteint de leucémie, meurt en décembre 1961, quelques jours après la publication de son livre-manifeste Les damnés de la terre, dont Jean-Paul Sartre avait écrit la préface et qui est depuis mondialement connu. Anne Beaumanoir a aujourd’hui 97 ans et vit dans le sud de la France.

Nous citons le rapport de l’historien Benjamin Stora sur „les questions mémorielles sur la colonisation et la guerre d’Algérie“ qui a été publié le 20 janvier 2021.

Et notre coup de cœur va à Isabelle Azoulay pour son livre De Gaulle und ich, Elfenbein Verlag, Berlin 2008.

 

Anne Weber: Annette, une épopée. Seuil, Paris 2020, 240 pages, 19 Euro. 

 

Frédéric Ciriez et Romain Lamy: Frantz FanonEditions La Découverte, Paris 2020, 232 Seiten, 28 Euro.

Le 11 mars 2021 va paraître un recueil de nouvelles de Frédéric Ciriez: Récits B, Collection Verticales, Gallimard, Paris 2021

 

Le coup de Coeur: Isabelle Azoulay, De Gaulle und ich, Elfenbein Verlag, Berlin 2008, 192 Seiten, 19 Euro. 

 

Épisode 01: Entretien avec Camille de Toledo sur son livre Thésée sa vie nouvelle

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Épisode 01: Entretien avec Camille de Toledo sur son livre Thésée sa vie nouvelle
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„Thésée me paraît juste par rapport à notre temps“
 
Le roman Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo faisait partie des quatre finalistes du Prix Goncourt 2020. Nous avons rendu visite à l’écrivain, qui vit à Berlin depuis 2010 et avons parlé avec lui du mythe de Thésée. Il nous a dit aussi combien il avait été important pour lui de quitter Paris et d’aller vivre dans un pays dont il ne comprenait, au début, que mal la langue. Et nous en avons appris plus sur le rôle qu’ont joué trois cartons, dans lesquels il avait emporté à Berlin des documents de ses archives familiales. „Toi, mon frère, dis-moi / Qui commet le crime d’un homme qui se tue?“. Cette question est le début du livre de Camille de Toledo, un livre qui éclaire les drames de sa vie personnelle mais aussi ceux de la France et de l’Europe. Karin Uttendörfer traduira Thésée, sa vie nouvelle en Allemand pour la maison d’édition Luchterhand.
 

Camille de Toledo: Thésée, sa vie nouvelle. Collection jaune. 256 p. 18,50€, ISBN : 978-2-37856-077-5. Editions Verdier, Paris août 2020

Et le coup de Coeur de notre premier épisode:
Robert Bober: Par instants, la vie n’est pas sûre. 352 p., 21,90€, ISBN:978-2-8180-5148-1. P.O.L., Paris octobre 2020