„À Berlin, il faut réinventer sa vie“
Lorsque Julien Santoni comprend le sens de cette phrase, il se réconcilie avec la laideur et la vulgarité de la ville. Finalement, on peut aussi aimer le fait que Berlin ne veuille „ressembler à rien“ – comme le remarque le philosophe Michel Fœssel. La ville dans laquelle on ne flâne pas n’est certes plus séparée par un mur et pourtant ces auteurs et autrices, ces journalistes et ces témoins tels Edgar Morin et Claude Lanzmann – qui connaissent Berlin en ruines – perçoivent bien les différences de mentalités entre l’Est et l’Ouest. Le quartier de Mitte, anciennement à l’Est, est un de leurs lieux de prédilection.
Quitter la France pour venir à Berlin, c’est chercher autre chose que la beauté et en attendre peu d’aménité. Pour Kits Hilaire, qui a grandi à Valence et qui rêvait d’une carrière de chanteuse de rock, venir à Kreuzberg en 1984 a été une décision existentielle. Ne voulant pas croupir en Province, elle y chercha la lumière diffuse des „arrières-cours noires“ aux fenêtres murées. Berlin était alors punk. Depuis les années 1990, la ville ne cesse de s’embourgeoiser. L’inachevé, le disparate, le côté anachronique de Berlin s’estompent. „Vives sensations des pertes, des errances, des gâchis“ note Christian Prigent. Il est un des 22 auteurs et autrices qui vont à la recherche de ce qui, en dehors des sentiers battus, fait que Berlin ne cesse de nous interpeller et de nous faire „renifler l’odeur d’humanité.“
Dans cet épisode, Margarete Zimmermann nous parle de la façon dont les auteurs et autrices français évoluent dans le „nouveau“ (mais aussi dans l’“ancien“) Berlin et dont ils ont fait de la ville le laboratoire de nouveaux styles de vie.
Nous lisons de courts extraits de textes de Christian Prigent, Edgar Morin et Cécile Wajsbrot et Michèle Métail dit un de ses poèmes.
Dorothee Risse & Margarete Zimmermann (Hg.): „Berlin bewegt sich schneller, als ich schreibe. Das Neue Berlin aus französischer Sicht“, 206 Seiten. Kulturverlag Kadmos, Berlin 2020
Margarete Zimmermann (Hg.): „Ach, wie gût schmeckt mir Berlin. Französische Passanten im Berlin der zwanziger und frühen dreißiger Jahre“. 292 Seiten. Das Arsenal Verlag für Kultur und Politik, Berlin 2010
Margarete Zimmermann (Hg.): „Après le Mur: Berlin dans la littérature francophone“ (édition lendemain). 268 Seiten. Narr Francke Attempto Verlag, Tübingen 2014.
Coup de cœur : Elisa Diallo : „Fille de France“, Flammarion, Paris 2019