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Épisode 21: Dans quelle langue chanterai-je mes propres mots? En visite chez Miléna Kartowski-Aïach à Ein Kerem, Jérusalem
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Au printemps 2016, Miléna Kartowski-Aïach avait été invitée à Berlin pour chanter des chansons yiddish lors d’une lecture de l’autrice américaine Deborah Feldman. Le joueur de Oud, Qaïs Saadi, l’accompagnait sur scène. Six mois plus tard, j’ai revue Miléna à Paris, sa ville natale. Elle venait de rentrer de Leros. Avec des femmes et des enfants yézidis réfugiés, elle avait créé une chorale pour apporter un peu de beauté à ces malheureux qui ne savaient pas combien de temps ils seraient encore retenus sur l’île. Plus tard, elle écrivit l’oratoire Leros. Un exil insulaire chez les damnés.

Miléna a suivi des cours de mise en scène théâtrale en Pologne et au Danemark, elle a étudié la philosophie de la religion et l’anthropologie. Elle joue du piano, elle compose, elle chante, elle écrit. À New York, elle a rencontré des femmes qui lui ont facilité l’accès aux sources de chansons yiddish, chantées par des femmes juives orthodoxes, jamais en public mais en petit groupe, strictement séparé du monde masculin. Ces rencontres et la découverte de chants religieux tenus secrets ont influencé sa carrière de chanteuse. De retour à Paris, Miléna a fondé une compagnie de théatre, Les Haïm, et son propre ensemble, le Hassidish Project. En 2012 elle était la première artiste chantant en yiddish invitée à l’Olympia.

Et puis, en été 2021, Miléna Kartowski-Aïach a fait un choix de vie: Elle a quitté la France pour aller vivre en Israël. Les raisons de ce choix sont multiples. L’antisémitisme latent et offensif dans son pays natal est une raison, son désir d’une vie spirituelle en est une autre.

Miléna est musicienne et poète. En Israël, des archives sonores lui sont ouvertes. Elle y traque un héritage culturel nié ou déjà effacé ailleurs, mais en tout cas maintenu fermé. Ses tentatives de trouver des notes de chansons judéo-berbères en Algérie, le pays natal de son père, ont jusqu’à présent échoué – mais elle ne lâche pas prise.

Lors d’un séjour en Israél janvier 2023, j’ai visité Miléna Kartowski-Aïach chez elle à Ein Kerem.

À découvrir:

Miléna Kartowski-Aïach:

  • Leros. Un exil insulaire chez les damnés. Oratoire. Sicania, 2019
  • La forêt pour horizon, dans Chimères 2020/2 (N° 97), pages 271 à 274

Moshe Sakal:

  • Achoti, roman, nommé pour le Prix Sapir, Édition Zmora Bitan, 2016
  • The Diamond Setter, roman, Édition Keter, 2014; traduit en anglais par Jessica Cohen, Other Press, New York
  • Yolanda, roman, traduit par Valérie Zenatti. Éditions Stock, Paris 2012

Coup de cœur:

David Vogel:

 
 
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